La gravure au carborundum en quelques mots

La gravure au carborundum en quelques mots

La gravure dite « au carborundum »

Le carborundum (ou carbure de silicium) est une poudre abrasive détournée de son utilisation pour être employée en gravure taille-douce disons « non traditionnelle ». Elle donne son nom à cette technique qui permet d’obtenir des noirs profonds, des textures très riches, et une forte matière sur les estampes.

Principe général

Contrairement à la taille-douce classique (où l’on creuse une matrice avec des outils ou chimiquement grâce à des acides), la gravure au carborundum est une technique additive que l’on peut classer dans la famille de la collagraphie: on crée du relief en ajoutant de la matière sur la plaque plutôt qu’en en retirant.


Matériaux utilisés

  • Une plaque support : souvent en métal, en plastique ou en carton rigide.

  • Poudre de carborundum : fine ou grossière selon l’effet désiré.

  • Un liant : liant acrylique, colle vinylique, vernis, médiums acryliques ou époxy.

  • Outils d'application : pinceaux, spatules, pochoirs, etc.


Étapes du procédé

  1. Préparation de la plaque : elle doit être dégraissée, propre et sèche.

  2. Application du mélange carborundum + liant :

    • On peut mélanger le carborundum avec un médium, puis l’appliquer sur la plaque.

    • Ou bien appliquer d’abord le médium, puis saupoudrer le carborundum dessus.

    • La quantité de carborundum détermine la retenue de l’encre : basiquement, plus il y en a, plus l’encrage sera intense.

  3. Création des formes et textures :

    • Travail libre ou avec pochoirs.

    • Le grain du carborundum peut varier : du velouté au granuleux.

  4. Séchage : une fois le médium sec, la plaque est prête à être encrée.

  5. Encrage : Comme une plaque en taille-douce classique mais avec une encre en général un peu allongée et plus fluide pour pénétrer dans les anfractuosités. Puis on essuie à la tarlatane comme d’usage.

  6. Impression : Sur presse taille-douce évidemment, avec une épaisseur de feutre importante si le relief est fort et un papier souvent fort aussi au niveau grammage.


 

Résumé historique

La technique du carborundum en gravure a été développée dans les années 1930, mais c’est surtout à partir des années 1960 qu’elle est utilisée comme procédé artistique à part entière.

Origines

  • Le carborundum est d'abord un matériau industriel, utilisé pour l'affûtage, le ponçage et le polissage.

  • Les artistes découvrent qu’il permet de créer des textures rugueuses idéales pour retenir l’encre en profondeur.

Développement artistique

  • Le peintre et graveur Henri Goetz (1909–1989), artiste franco-américain installé à Paris, est souvent crédité comme le véritable inventeur ou du moins le grand promoteur de la gravure au carborundum dans les années 1960.

  • Il développe la méthode avec l’imprimeur Joan Barbarà à Barcelone, notamment pour des œuvres de Miró, Tàpies, Clavé, etc.


Utilisation contemporaine

Aujourd’hui, cette technique est enseignée dans de nombreux ateliers de gravure contemporaine. Elle est prisée pour sa liberté gestuelle, sa facilité d’accès (moins de contraintes que les procédés à l’acide) et ses résultats puissants en termes de contraste et de texture.

close menu