Quel que soit le procédé, une impression consiste en la mise en contact d’une matrice encrée avecune feuille de papier de façon à ce que l’encre se dépose uniformément sur cette dernière. Les papiers présentant un grain plus ou moins fort et une dureté plus ou moins élevée, une humidification est bien souvent nécessaire pour apporter de la souplesse et de l’élasticité. Cette humidité peut sembler contradictoire puisque l’encre est grasse. On pourrait prédire que l’encre sera refusée par la feuille de papier humide mais un phénomène physique subtile se produit : sous pression l’encre vient à la surface du papier repousser l’humidité produisant une sorte d’aspiration par capillarité. Bien sûr le papier doit juste être humide et ne pas présenter d’eau perlant à sa surface.
On distingue deux méthodes d’humidification : par immersion (ou trempage) dans une cuve d’eau, et par imprégnation, en plaçant la feuille de papier entre deux autres feuilles déjà humides, ou en vaporisant légèrement de l’eau sur le verso du papier (qui devra ensuite être mis en pile sans trop de poids dessus pour laisser les feuilles s’étendre et éviter le gondolement).
La méthode dépend du grammage du papier, de son grain et de sa fragilité. On choisit l’immersion pour les papiers à fort grammage, à grain important et plutôt « durs » et encollés. On choisit l’imprégnation pour le papiers légers, souple ou faiblement encollés, cette méthode étant plus douce et subtile. Le principal résultat est d’obtenir une humidité homogène.
Passons en revue les principales techniques d’impression :
En Taille-douce
En taille-douce, qui est un procédé en creux, le papier doit venir se « mouler » dans les tailles où l’encre est posée. Pour que la souplesse soit idéale, le papier doit être humide à coeur. Les anciens parlaient de « vieux trempé ». Dans la variété des papiers disponibles il faut les distinguer par leur grammage, leur dureté et leur niveau d’absorption. Pour simplifier : un papier à fort grammage, dur et encollé (peu absorbant) nécessitera un trempage long (jusqu’à une nuit dans certains cas). Un papier à grammage courant (250g/m²), plutôt souple et peu encollé demandera un trempage court (environ 20 minutes) ou une humidification par imprégnation. Pour un papier léger et très absorbant, comme c’est le cas de certains papiers Japon, l’imprégnation suffit (et il est même parfois possible d’imprimer à sec).
Dans tous les cas, l’humidité du papier sera d’autant plus homogène que l’opération sera effectuée à l’avance : on mouille le papier la veille puis on le place en pile emballé de façon étanche avec un peu de poids dessus.
En LithOgraphie
En lithographie, qui est un procédé dit à plat (sans relief), si le papier est à grain fin et souple, l’humidification n’est pas nécessaire. La forte pression suffira à mettre correctement en contact le papier avec l’encre. On humidifie par imprégnation (car seule la surface du papier importe) en cas de grain important ou si l’imprimeur juge d’après un test que le papier humide imprime mieux ou plus finement. On évite d’autant plus d’humidifier qu’en cas de passages multiples de couleur un papier qui a subi une humidification présente un allongement et une déformation qui complique le repérage.
En taille d'épargne
En taille d’épargne comme en lithographie l’humidification n’est pas nécessaire. Un papier trop humide va s’écraser mollement contre la matrice occasionnant un manque de netteté et un risque de contact avec le fond des tailles. Le papier doit rester « tendu ». Si une humidification améliore la qualité des épreuves, elle doit être légère et régulière.
Petites règles pour finir
Dans le cas de mouillage par trempage, il faut retirer l’eau en excédent à la surface du papier en le pressant un peu entre deux buvards. Attention de changer régulièrement l’eau de la cuve de trempage qui à force se charge en fibres, en colle et risque de tourner. Si un papier humide n’est pas utilisé, le sécher à l’air libre pour ne pas qu’il moisisse et pour l’utiliser ultérieurement. Dans le cas d’utilisation d’encres qui sont nettoyables à l’eau, veiller à humidifier correctement le papier mais lui laisser un court moment à l’air libre pour légèrement sécher sa surface.