Échange avec l'atelier Hélio'g Fanny Boucher et Marie Levoyet

Échange avec l'atelier Hélio'g Fanny Boucher et Marie Levoyet

Pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre rencontre avec l'héliogravure ?

Marie Levoyet : Moi à la base avant de rencontrer Fanny je n’y connaissais rien en héliogravure. Je viens du monde du textile et ensuite j’ai rencontré Fanny avec qui on a d’abord partagé une année de formation, avec un prix de perfectionnement aux métiers d’Art de Paris. Ensuite, grâce au dispositif « Maître d’Art Élève » qui m’a permis de me former à la technique de l’héliogravure, j’ai ouvert mon atelier. On partage les mêmes locaux mais on est deux structures indépendantes.
Fanny Boucher : J’ai découvert la technique de l’héliogravure à l’école ESTIENNE où j’ai rencontré mon futur Maître d’Art, Jean-Daniel Lemoine, lors d’un cours de gravure. Il était venu faire un « speech » sur l’hélio et à la fin de mon DMA je lui ai demandé de me transmettre son savoir-faire chez lui, car à l’époque il n’y avait pas d’atelier à proprement parlé pour cette technique. Jean-Daniel est avant tout un scientifique, il m’a donc transmis beaucoup de savoir extrêmement rigoureux. Chose que j’ai gardé, mais on se réapproprie les gestes. Marie se l’est réapproprié aussi depuis notre transmission. Il y a vraiment des passages, c’est super intéressant ! Puis j’ai monté l’atelier d’Héliogravure « Helio’g » en 2000. C’était un long parcours pour pouvoir faire reconnaître l’héliogravure et qu’elle soit inscrite dans la nomenclature des métiers d’art.

Chacune à sa façon de travailler l’héliogravure. Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans cette pratique ?

Fanny Boucher : Ce qui me séduit le plus, c’est le rapport avec la matrice, le cuivre gravé. Et en dehors de la technique je dirais que c’est la richesse culturelle apportée par la diversité des artistes.
Marie Levoyet : Je suis d’accord avec Fanny. En dehors de la technique, j’apprécie tout particulièrement le contact avec les artistes, les discussions autour de leur projet… C’est toujours passionnant de voir comment on s’adapte selon les rendus demandés. On partage des émotions.

Fanny Boucher, votre œuvre « Arboris » a remporté le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main en 2020. Pouvez-vous nous parler de la naissance de cette œuvre ?

Fanny Boucher : « Arboris » ça fait un bout de temps que ça me trotte dans la tête. C’est une œuvre qui est centrée sur le cuivre héliogravé, la matrice et sa richesse plastique. L’hélio, à mes yeux, peut être aussi une technique de création. « Arboris » est une composition murale de 2m de haut qui mêle 72 matrices en cuivre et estampes sur papier.

Quels papiers utilisez-vous ? Je sais que vous avez des « chouchous » dans le catalogue de Joop Stoop, pouvez-vous nous les faire partager ?

Fanny Boucher : Justement, le papier qui a servi à « Arboris », c’est un papier « Awagami ».
Marie Levoyet
 : J’utilise des « Awagami Kitakata » et les « Awagami Kozo Select », ceux-là ils sont vraiment bien ! Ici on a tout un panel de papiers pour que les artistes puissent avoir le choix. Mais en général les « Awagami » ça séduit tout le monde. A chaque fois on passe des heures à regarder les nouveaux papiers proposés par Joop Stoop.
Fanny Boucher
 : C’est vrai qu’ils sont vraiment géniaux, il y a des couleurs incroyables avec ces papiers. Mais tout dépend des projets et des demandes encore une fois.
Marie Levoyet :
Pour un papier classique, on travaille souvent avec du « Hahnemühle», mais en tant que papier spécifique, et pour des projets exceptionnels, on va conseiller l’« Awagami ».
Fanny Boucher :
On est très à l’écoute de ce qu’ils font, leur travail du papier est très en adéquation avec nos démarches. On a le projet d’aller au Japon justement, et en profiter pour aller voir la maison « Awagami », autant dire que c’est un peu optimiste pour le moment. Ce sera en 2022 !

L’atelier tend vers le monde du Design, pourquoi et comment cette envie est-elle née ?

Fanny Boucher : Justement, c’est sur cette réflexion d’emmener et faire connaître la matrice ailleurs. Je trouve l’hélio tellement magnifique que j’ai envie de la montrer au-delà des arts graphiques.

Étant du monde du textile, Marie Levoyet, avez-vous eu l’idée de travailler l’héliogravure ou l’estampe sur du textile ?

Marie Levoyet : Oui ! L’idée m’a quittée pendant un temps, mais là ça revient doucement où je sens des accroches avec certaines matières textiles ou même sur du papier qui ressemble beaucoup au tissu… il y a des ponts à faire. Travailler sur de la soie par exemple, une matière plus légère et volatile en quelque sorte, ça me donne envie !
Fanny Boucher :
Que ça soit l’Atelier Hélio’g ou l’Atelier Marie Levoyet, on a chacune nos recherches respectives. Nous travaillons de concert sur de nouveaux supports, qu’ils soient traditionnels comme le tissu ou totalement innovants. Ça nous stimule beaucoup. C’est super intéressant de pouvoir se partager nos trouvailles.

Photographie ©Edouard Elias

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